Londres complice du scandale des écoutes

(London at centre of scandal)

By Duncan Campbell | Published in LE MONDE 01 July 2013.

Click here to Google Translate from French.

Click here to read original English pre-translated version.

L'agence britannique d'espionnage électronique appelée Government Communications Headquarters (GCHQ) a été créée en 1946 dans le plus grand secret. Jusqu'à la fin des années 1970, ni le Parlement, ni l'opinion publique, ni la presse n'ont été au courant de l'existence du GCHQ. Rares sont ceux qui savent que l'agence a acquis une taille et une importance bien supérieures au service de renseignement MI6.

Le GCHQ est issu d'un organisme mis sur pied pendant la guerre, la Government Code and Cypher School, dont les équipes d'opérateurs radio et de décrypteurs sont célèbres pour avoir brisé le code "Enigma" et d'autres systèmes d'encodage nazis pendant la seconde guerre mondiale.

Lire aussi Le Royaume-Uni, maître-espion, par Duncan Campbell

Les 6 000 employés travaillent au siège de l'agence, installé à Cheltenham, dans l'ouest de l'Angleterre. Son bâtiment principal est une immense structure circulaire appelée "le beignet".

Le GCHQ perçoit la plus grosse partie du budget – près de 2,5 milliards d'euros – que le Royaume-Uni consacre à ses activités de renseignement. Outre des opérations de collecte de renseignements, le GCHQ est compétent en cybersécurité et "cyberopérations" actives, autrement dit le hacking, qui constitue une part ultra-secrète de ses activités.

Le GCHQ et son personnel sont presque totalement intégrés à l'Agence de sécurité nationale (NSA) américaine, avec qui ils partagent les missions, conformément au traité américano-britannique signé en 1946, étendu depuis au Canada, à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande.

En 2003, une analyste du GCHQ, Katharine Gun, fit l'objet de poursuites judiciaires pour avoir communiqué à la presse le contenu d'une directive adressée par la NSA au personnel des agences des "Five Eyes" sur la surveillance des activités des Nations unies à la veille de l'invasion de l'Irak.

Le GCHQ s'était aussi félicité du fait que la législation britannique était plus favorable à la surveillance que la réglementation américaine. "Nous bénéficions d'un système de contrôle moins tatillon qu'aux Etats-Unis", constate le GCHQ dans un rapport sur Tempora, le système britannique de surveillance de l'Internet.

En 2010, deux ans après sa mise en place, Tempora pouvait se targuer d'enregistrer le "meilleur accès à Internet" de tous les membres des "Five Eyes". Le GCHQ produit une plus grande quantité de métadonnées (informations liées à chaque communication) que la NSA.

Lorsque le Royaume-Uni a invité 250 analystes de la NSA à travailler sur les données enregistrées par Tempora, le GCHQ ne leur a imposé aucune restriction. Quand les Américains ont voulu connaître le degré d'accès qui leur serait accordé, le GCHQ leur aurait répondu qu'ils avaient "les mains libres".

twitter
facebook